Tout était soit lumière blanche immaculée, soit pure ombre noire.
Yann Martel – L’histoire de Pi
On a longtemps cantonné l’astronome amateur à dessiner les jeux de l’ombre et de la lumière à la surface de la Lune, avec quelques échappées colorées vers les planètes voisines. Quant au ciel profond, il n’était peuplé que de silhouettes fantomatiques. De nos jours, la démocratisation des instruments de grand diamètre et des instruments dédiés à l’observation du Soleil aidant, tout un univers de couleurs, de formes et de détails s’ouvre à lui : richesse et diversité des paysages lunaires, flamboiements des protubérances solaires, débauche de finesse des bandes nuageuse de Jupiter, morphologie ciselée des galaxies, suaves tonalités colorées des minuscules nébuleuses planétaires et autres nébuleuses diffuses géantes…
Situation paradoxale que de recourir à un moyen d’expression aussi vieux que le monde civilisé à une époque de prolifération d’appareils photos numériques et autres caméras CCD, puissamment secondés par toute une panoplie de logiciels de traitement d’images. Et pourtant, quoi de mieux que le crayon, ou tout autre outil de dessin, pour coucher sur le papier ce que l’on a vu au travers de l’oculaire, ce que l’on a interprété et ce que l’on a ressenti ? Au-delà de la simple reproduction, aussi fidèle que possible soit-elle, le dessin astronomique nous apprend autant sur l’objet dessiné que sur le dessinateur.
Bien sûr, tout comme l’astrophotographie, le dessin astronomique nécessite un apprentissage. C’est le but de ce premier tome d’Astrodessin : vous apprendre. Apprendre à observer. Apprendre à comprendre le fonctionnement de votre oeil pour l’éduquer à voir le détail fugace dans tel bras d’une galaxie. Apprendre le fonctionnement de votre lunette ou télescope pour l’utiliser à bon escient. Apprendre à utiliser les multiples outils de dessin, du banal bout de craie au traitement numérique d’images.
Et qui mieux qu’une bande de copains astronomes amateurs, dynamisés par Serge Vieillard, pour guider les premiers dessins, les premiers coups de crayon du débutant ; pour remotiver ceux qui ont essayé et qui ont abandonné faute de soutien ; pour consolider les connaissances de ceux qui ont appris sur le tas ; et enfin permettre à ceux qui désirent élargir le champ des possibles d’étoffer leurs palettes d’objets observés.
Dans le second tome d’Astrodessin seront abordées les spécificités du dessin propres aux différents objets du zoo intergalactique : Lune, Soleil, éclipses, planètes, comètes, étoiles, nébuleuses et autres galaxies.
La Rédaction d’Astrosurf-Magazine.